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Ronald Terorotua : "Ne touchez pas aux retraites et à la gouvernance de la CPS"


Ronald Terorotua : "Ne touchez pas aux retraites et à la gouvernance de la CPS"
PAPEETE, le 22/03/2016 - Quatre organisations syndicales ont convié la presse ce matin pour dévoiler les grandes lignes de leurs doléances au gouvernement. Des demandes qu'ils ont soumises au Pays lors d'une rencontre qui s'est tenue le 10 mars dernier. Quatre points ont été retenus, parmi lesquels on retrouve le remboursement de la dette pour la caisse de retraite ou encore que le Pays prenne en charge l'allocation complémentaire de retraite et non plus les salariés. Le gouvernement devrait apporter ses réponses jeudi.

L'intersyndicale, qui regroupe la CSTP-FO, Otahi, O oe to oe Rima et la CSIP a convié la presse ce matin pour parler de divers sujets, dont le compte rendu de leur rencontre avec le gouvernement, le 10 mars dernier.

Une rencontre où l'intersyndicale a développé quatre doléances.

LE REMBOURSEMENT DES 11 MILLIARDS POUR LA CAISSE DE RETRAITE

C'est de l'argent qui a été puisé dans les réserves de la retraite pour payer les dépenses de la maladie. "i[Suite au programme du Te Autaeaera'a, il y a eu un abaissement des cotisations au niveau des entreprises et cela a créé un déficit, et vu que la CST [contribution de solidarité territoriale, NDLR] n'a pas été augmentée à l'époque, le déficit s'est agrandi"]i, souligne Lucie Tiffenat, secrétaire générale de Otahi. "La facture s'élevait à cette époque à plus de 14 milliards de francs, nous sommes descendus dans la rue parce que nous estimions à ce moment-là que c'était le gouvernement de l'époque qui était en cause parce qu'il n'a pas pris les mesures nécessaires pour combler ce déficit."

Depuis 2011, le Pays rembourse donc 800 millions par an, mais l'intersyndicale va plus loin. "Nous demandons au Pays de rembourser cela avec anticipation pour que ces 11 milliards puissent abonder la caisse de la retraite, avant que l'on commence à discuter des prochaines réformes."
"Si on fait en sorte de diminuer les dépenses en santé, on peut faire en sorte de moins cotiser à la CPS (Caisse de prévoyance sociale, NDLR), on pourra mieux cotiser pour notre retraite. Il faut savoir que la retraite est un salaire différé et que les salariés seront emprunts à payer plus pour leur retraite, puisqu'ils savent que c'est ce qu'ils vont bénéficier plus tard
", prévient Patrick Galenon, de la CSTP-FO.

L'ALLOCATION COMPLÉMENTAIRE DE RETRAITE

L'allocation complémentaire de retraite (ACR) a été mise en place pour permettre aux personnes qui partent à la retraite de disposer d'un revenu minimum vieillesse à hauteur de 80 000 francs : elle intervient pour celles et ceux qui n'atteignent pas ce revenu. Cette allocation compense l'écart, elle est versée par le régime des salariés, donc par les entreprises. "i[Nous demandons deux choses : à ce que le gouvernement rembourse l'ACR et deuxièmement, que l'ACR soit prise en charge par le Pays et non plus par le régime général des salariés [RGS, NDLR]]i", explique Lucie Tiffenat.

"Les entreprises payent presque un milliard par an. Il serait intéressant d'intégrer celle-ci à la retraite. Donc on voit que nous avons des solutions. Qu'est-ce que le gouvernement veut faire demain ? Tout simplement, dire qu'aujourd'hui à 60 ans, tu peux partir à la retraite et demain, ce sera à 70 ans. Aujourd'hui c'est à 35 années de service que tu peux partit à la retraite et demain ce sera à 45 ans. On dit non, c'est illégal par rapport à ceux qui sont déjà aujourd'hui à la retraite, comme moi-même", rajoute Ronald Terorotua, de O oe to oe Rima.

Pour sauver les retraites, l'intersyndicale préconise de diminuer "le coût de la santé".

RÉAFFECTER LA CST AU RÉGIME DE SOLIDARITÉ TERRITORIAL

En 2013, l'affectation de la CST a été changée et le gouvernement de l'époque avait créé un autre fonds, le fonds pour l'emploi et la lutte contre la pauvreté (FELP). Donc la CST passe maintenant par ce fonds qui se trouve dans le budget du Pays.

"i[Nous demandons à ce que, conformément à la volonté des partenaires sociaux de l'époque, que la CST soit réaffectée directement au régime de solidarité territorial [RST, NDLR]]i", assure Lucie Tiffenat.

"La grande part des 25 milliards de la CST, les salariés payent 10 milliards. Il est intéressant que ces 10 milliards soient reversés à la retraite, si on veut parler de la solidarité, ce n'est pas le salarié uniquement qui doit contribuer à la CST", explique Ronal Terorotua.

REMBOURSER LA DETTE DU FONDS SOCIAL DE L'HABITAT

Le fonds social de l'habitat est un fonds qui est constitué uniquement par le patronat qui verse chaque année, 1 % sur l'ensemble des salaires du Pays, ce qui représente à peu près 800 millions de francs. "Ce fonds permet aux salariés d'avoir un habitat convenable", souligne Patrick Galenon, de la CSTP-FO.

L'intersyndicale souhaiterait que le Pays rembourse les 1 % du fonds spécial de l'habitat (FSH) qui est devenu le fonds de solidarité exceptionnel (FSE), afin que cet argent leur permette de monter une structure, "à l'instar de ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, pour créer des logements sociaux pour les salariés de ce Pays. Cela permettrait de rebooster les bâtiments, puisque les patrons de ce secteur sont demandeurs. La seule organisation patronale à avoir refusé est le Medef, puisque l'artisan de la PSG (protection sociale généralisée, NDLR) est Luc Tapeta, ancien président du Medef. Il y a déjà une partie des syndicats patronaux qui sont avec nous", prévient Lucie Tiffenat.

Une nouvelle rencontre entre l'intersyndicale et le gouvernement aura lieu jeusi à 16 heures à la Présidence. Une rencontre très attendue par les organisations syndicales puisque le gouvernement apportera ses réponses.

Si le gouvernement ne répond pas favorablement à leurs doléances, l'intersyndicale se réunira pour voir la suite à donner. Mais ils l'ont assuré, "nous ne descendrons pas dans la rue". Affaire à suivre...

Pour équilibrer la PSG, les syndicats préconisent d'agir sur la santé

Concernant la réforme de la PSG 2, les organisations syndicales veulent être entendues. "Aujourd'hui la PSG, avec la vision patronale, vision Éric Tapeta, c'est uniquement réformer la retraite. D'ailleurs, vous n'avez qu'à regarder les documents, on voit des chiffres et des expertises et sur la santé, le "SOS" pourquoi ? Équilibrons la santé et faisons en sorte que chacun prenne ses responsabilités et à ce moment-là je pense que notre PSG pourra survivre encore des années. Mais asseyons-nous autour d'une table avec les partenaires sociaux et l’État pour qu'on en discute vraiment et non par courriers interposés", assure Patrick Galenon. "La CPS est un organisme de gestion, c'est au territoire et aux partenaires sociaux de faire en sorte que la PSG s'équilibre. 120 milliards et plus de la moitié c'est la santé et c'est là qu'il faut réagir. La solution existe si nous ciblons bien les économies qu'il faut faire," conclut-il.


le Mardi 22 Mars 2016 à 18:16 | Lu 1856 fois